samedi 2 août 2008

Le manuscrit de Voynich - réflexions



Suite à mon article "l'indéchiffrable manuscrit", voilà quelques réflexions et idées complémentaires.


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L'écriture semble une écriture médiévale tout à fait courante. L'examen graphologique permet de conclure que le scribe connaissait la langue qu'il utilisait: il a copié d'une façon cursive et non pas lettre par lettre. Le chiffre employé paraît simple, mais personne n'arrive à le résoudre.
En 1912, un libraire appelé Wilfred Voynich achète le manuscrit à l'école jésuite de Mondragone, à Frascati, en Italie. Il le ramène aux États-Unis, où de nombreux spécialistes se mettent à la tâche, dont les célèbres cryptanalystes Newbold et Friedman.




Gordon Rugg est professeur au Département de mathématiques et d'informatique de l'Université de Keele, en Angleterre, et rédacteur en chef de la revue Expert Systems. Une nouvelle analyse d'un document médiéval énigmatique suggère qu'il ne contient que des suites de mots dépourvues de sens.

En 1912, Wilfrid Voynich, un libraire américain spécialiste de livres rares, fit la découverte de sa vie dans la bibliothèque de la Villa Mandragone près de Rome: un manuscrit de quelque 230 pages écrit en caractères étranges et illustré de surprenants dessins de plantes, de sphères célestes et de baigneuses.

À première vue, le manuscrit ressemblait à un manuel d'alchimiste ou d'herboriste, mais il était entièrement codé. Certains détails des illustrations suggéraient que l'ouvrage avait été rédigé entre 1470 et 1500, et une lettre du XVIIe siècle jointe au manuscrit indiquait qu'il avait été acheté en 1586 par l'Empereur Rodolphe II.

Le manuscrit avait ensuite disparu jusqu'à ce que Voynich le redécouvre.
Voynich a demandé aux meilleurs cryptographes de l'époque de décoder les caractères étranges, qui ne correspondent à aucune écriture connue.

Cependant, après 90 années d'efforts, personne n'a été capable de déchiffrer le manuscrit, et sa nature comme son origine restent un mystère. Devant ces échecs répétés, on a commencé à douter de l'existence d'un message à déchiffrer: le manuscrit de Voynich est peut-être un canular sophistiqué dépourvu de sens.


Comment un mystificateur aurait-il pu concevoir 230 pages présentant tant de régularités dans la structure et la répartition des mots?

Le manuscrit de Voynich semble trop compliqué pour n'être qu'un assemblage de mots incohérent.

On a toutefois découvert que l'on peut reproduire bon nombre de ses caractéristiques à l'aide d'un outil de codage simple qui existait au XVIe siècle. Le texte engendré grâce à cette technique ne peut évidemment avoir de sens, mais il ressemble pourtant étrangement au manuscrit original. Ce résultat ne prouve pas que le manuscrit de Voynich soit une mystification, mais il renforce la théorie selon laquelle un aventurier anglais du nom d'Edward Kelley aurait fabriqué le document pour escroquer Rodolphe II. L'empereur aurait acheté l'oeuvre 600 ducats, soit près de 50 000 euros actuels.
La première tentative de décryptage du manuscrit de Voynich à l'époque moderne date de 1921. William Newbold, un professeur de philosophie de l'Université de Pennsylvanie, a remarqué que chaque caractère de l'écriture du manuscrit, souvent appelée « voyniche », présentait de minuscules traits visibles au microscope. Selon lui, ces traits étaient des coups de plume et formaient une sténographie grecque ancienne. En interprétant ce code, Newbold a prétendu que le manuscrit de Voynich avait été écrit par le philosophe du XIIIe siècle Roger Bacon.

Quelques années plus tard, cependant, on s'est aperçu que les traits microscopiques n'étaient en fait que des craquelures naturelles de l'encre.
L'oeil du bébé dieu L'essai de Newbold a été le premier d'une série d'échecs. Dans les années 1940, les décodeurs amateurs Joseph Feely et Leonell Strong ont tenté de substituer des lettres romaines aux caractères voyniches, mais les diverses transcriptions n'ont donné aucun résultat sensé.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les cryptographes de l'armée américaine se sont essayés à décoder des textes cryptés antiques. Tous ont livré leurs secrets, à l'exception du manuscrit de Voynich.

En 1978, le philologue amateur John Stojko a déclaré que le texte était de l'ukrainien dont on avait supprimé les voyelles. Sa traduction ne correspond cependant ni aux illustrations du manuscrit ni à un quelconque élément de l'histoire ukrainienne, et comporte des phrases telles que «le vide est ce pour quoi lutte l'oeil du bébé dieu»!

En 1987, un médecin nommé Leo Levitov a affirmé que le document était l'oeuvre des Cathares et qu'il était écrit avec un mélange de mots de différentes langues, mais son interprétation ne concorde pas avec la théologie cathare.
Les spécialistes s'accordent pour dire que toutes ces tentatives de décodage sont entachées d'une grande ambiguïté. Un mot voyniche peut y être traduit de diverses façons selon son emplacement dans le texte.
La solution de Newbold nécessitait ainsi le décryptage d'anagrammes. Ober, par exemple, peut être interprété comme robe, orbe ou bore, ce qui introduit une certaine imprécision. À l'inverse, aucune de ces méthodes ne permet de coder un texte en clair en un texte crypté présentant les propriétés du voyniche.


Si le texte n'est pas un code, peut-être est-il un langage non identifié?

Pour représenter les mots du manuscrit, il existe une convention de translittération des caractères voyniches en lettres romaines, «l'alphabet voyniche européen». Une analyse statistique du texte révèle une très grande régularité. Les mots les plus courants apparaissent souvent plus de deux fois dans une ligne. Par ailleurs, le texte présente un taux de répétition qui n'a d'équivalent dans aucun langage connu.

Dans le folio 78 recto, par exemple, on lit qokedy qokedy dal qokedy qokedy. Inversement, le voyniche contient très peu de phrases dans lesquelles plus de trois mots différents apparaissent ensemble. Ces caractéristiques rendent improbable que le voyniche soit un langage humain: il est trop différent de toutes les autres langues.


Autre possibilité, le manuscrit est un canular échafaudé pour réaliser une escroquerie, ou une élucubration de quelque fou érudit. Sa complexité linguistique semble infirmer cette théorie. Outre la répétition de mots, on observe de fortes régularités dans leur structure même. La syllabe qo, très fréquente, ne se rencontre qu'en tête d'un mot. La syllabe chek peut apparaître au début d'un mot, mais quand la syllabe qo est aussi présente, elle la précède toujours. La syllabe dy apparaît habituellement en fin de mot, parfois au début, mais jamais au milieu. Une combinaison aléatoire de syllabes ne produit pas autant de régularités.

Le voyniche est aussi beaucoup plus complexe que tous les langages pathologiques connus dus à des troubles psychologiques ou à des lésions cérébrales. Même si un fou avait inventé une grammaire et une écriture correspondante, le texte obtenu ne présenterait pas les propriétés statistiques du manuscrit de Voynich.

Les longueurs des mots du voyniche, par exemple, suivent une distribution binomiale: les mots les plus courants comptent cinq à six caractères et la fréquence des mots de longueur différente de cette valeur décroît fortement, dessinant une courbe en cloche symétrique. Cette distribution est très rare dans les langages humains. La répartition des longueurs des mots y est plus étalée et asymétrique, les mots relativement longs étant assez fréquents.

Il est très improbable que la distribution binomiale du voyniche soit une propriété délibérée, car ce concept statistique n'a été inventé que plusieurs siècles après la rédaction du manuscrit.


Le manuscrit de Voynich semble n'être à première vue ni un texte codé, ni un langage inconnu, ni une production aléatoire.

Alors quoi? Pour sortir de cette impasse chacune de ces pistes ont été
réévaluées. L'estimation selon laquelle les caractéristiques du voyniche sont incompatibles avec tout langage humain est fondée sur une expertise linguistique pertinente et solide. L'impuissance des meilleurs crypt-analystes face au texte rend peu plausible l'existence d'un message caché. Reste l'hypothèse de la mystification, rejetée par la plupart des connaisseurs, qui considèrent que le manuscrit de Voynich est trop complexe pour être un faux.

Cette opinion ne repose cependant sur aucune évidence.

On ne sait presque rien des méthodes de reproduction d'un long texte médiéval codé, car il n'y a pratiquement pas d'exemples de ce genre.


Un code pour la tromperie
?

Plusieurs chercheurs, comme Jorge Stolfi de l'Université de Campinas au Brésil, se sont demandé si le manuscrit de Voynich a été construit à l'aide de tableaux de production aléatoire de texte.
Les cases de ces tableaux comprennent des syllabes, que l'utilisateur sélectionne, par exemple en jetant des dés, et combine de façon à former un mot. Cette technique pourrait engendrer certaines des régularités observées dans les mots voyniches. La première colonne du tableau pourrait contenir des syllabes constituant un préfixe tel que qo, qui n'apparaît qu'en début de mot, la seconde colonne, des infixes - syllabes apparaissant au milieu des mots - comme chek, et la troisième colonne des suffixes, tels que y. En choisissant séquenciellement une syllabe dans chaque colonne, on produit des mots possédant la structure caractéristique du voyniche. Des cases vides permettent de produire des mots dépourvus de préfixe, d'infixe ou de suffixe.
Certaines propriétés du voyniche ne sont cependant pas aussi simples à reproduire. Des caractères courants pris individuellement peuvent n'être que rarement associés à d'autres. Les caractères transcrits en a, e et l, ainsi que la combinaison al, sont fréquents, mais la syllabe el est très rare. Cet effet ne peut être produit en mélangeant de façon aléatoire des caractères contenus dans un tableau. Le tirage aléatoire est cependant la notion clé. Ce concept n'a été précisé que longtemps après la réalisation du manuscrit, de sorte que dans une construction aléatoire médiévale, la combinaison des syllabes a probablement été effectuée autrement. Les mots formés ne seraient alors pas strictement aléatoires au sens statistique.
Certaines caractéristiques du voyniche sont peut-être ainsi la marque d'un ancien système de codage.
Il a été essayé de produire un document contrefait pour voir quels effets apparaîtraient.

Quelle technique utiliser?

La réponse dépend de la date de création du manuscrit. Il est illustré dans le style du XVe siècle, et il existe un consensus sur le fait qu'il est antérieur à 1500. Pour autant, les oeuvres artistiques imitent souvent le style d'une période antérieure, innocemment ou pour faire paraître le document plus ancien. Le style ne permet pas de dater précisément le manuscrit.

Existait-il une technique en vigueur durant une période plus large, entre 1470 et 1608 ?

La grille de Cardan, introduite par le mathématicien italien Girolamo Cardano en 1550, est une possibilité prometteuse.

C'est une sorte de carte à trous. Lorsqu'on la superpose sur un texte apparemment anodin créé à l'aide d'une copie de la même carte, les fenêtres révèlent les mots du message caché. On a pensé qu'à l'inverse cette même grille de Cardan à trois fenêtres permet de sélectionner des groupes de préfixes, infixes et suffixes dans un tableau pour fabriquer des mots de style voyniche.

Un code, mais pas de message.


Une page type du manuscrit de Voynich contient entre 10 et 40 lignes, chacune comptant 8 à 12 mots. En utilisant le modèle du voyniche à trois syllabes, un seul tableau de 36 colonnes et 40 lignes contient assez de syllabes pour produire une page entière du manuscrit avec une seule grille.
La première colonne donne la liste des préfixes, la seconde celle des infixes et la troisième celle des suffixes. Les colonnes suivantes répètent ce motif. On aligne la grille sur le coin supérieur gauche du tableau pour créer le premier mot, puis on la déplace de trois colonnes vers la droite pour former le mot suivant. On peut aussi déplacer la grille d'une ligne vers le bas ou d'une colonne vers la droite. En plaçant successivement la grille sur différentes parties du tableau, on crée des centaines de mots voyniches.
Le même tableau peut ensuite être utilisé avec une autre grille pour former les mots de la page suivante. Avec trois tableaux et une dizaine de grilles, on produit en peu de temps environ 2 000 mots.
Cette méthode permet de reproduire aisément les caractéristiques du voyniche. On peut s'assurer que certains caractères ne se côtoient jamais en concevant soigneusement les tableaux et les grilles.
Si les fenêtres de la grille sont sur des lignes différentes, les syllabes de cases adjacentes horizontalement ne seront jamais accolées, même si elles sont très courantes individuellement.
La distribution binomiale des longueurs des mots est obtenue en mélangeant des syllabes courtes, moyennes et longues dans le tableau. En voyniche, les premiers mots d'une ligne ont tendance à être plus longs que les derniers. Il suffit pour reproduire cette propriété de placer les syllabes longues dans la partie gauche du tableau. Les essais suggèrent qu'une personne aurait pu produire le manuscrit de Voynich en seulement trois ou quatre mois à l'aide de la méthode de la grille de Cardan.
Pour déterminer si le manuscrit n'est qu'un fatras insensé ou s'il recèle un message crypté, il a été imaginé deux façons d'employer les grilles et les tables pour coder un texte en clair. La première est de convertir les caractères du texte en clair en infixes qui sont ensuite insérés entre des préfixes et des suffixes ayant un sens à l'aide de la grille de Cardan.
Une seconde technique possible est d'assigner un nombre qui spécifie l'emplacement de la grille de Cardan sur le tableau à chaque caractère du texte en clair. Cependant, ces techniques aboutissent à des écritures beaucoup moins répétitives que le voyniche. Ce résultat suggère que, si la grille de Cardan a effectivement été employée pour rédiger le manuscrit de Voynich, l'auteur a sans doute transcrit des suites de mots incohérentes plutôt qu'un texte sensé.


Ces travaux ne démontrent pas que le manuscrit est un canular, mais ils montrent que sa réalisation était possible à l'époque. Le fait que l'érudit élisabéthain John Dee et son associé Edward Kelley se sont rendus à la cour de Rodolphe II dans les années 1580 renforce cette hypothèse. Kelley était un faussaire notoire, un mystique et un alchimiste familier des grilles de Cardan. Certains experts du manuscrit de Voynich le suspectent depuis longtemps d'en être l'auteur.
Avec une des étudiantes, Laura Aylward et son équipe cherche actuellement à reproduire des caractéristiques statistiques plus complexes par la technique des grilles de Cardan. Pour ce faire, ils tentent d'automatiser la méthode, afin de produire de grandes quantités de texte.

Peut-être parviendra-t-on ainsi à percer le secret plusieurs fois centenaire du plus mystérieux des manuscrits médiévaux.







L’AUTEUR DU MANUSCRIT ETAIT-IL CROYANT ?

Il est nous est naturel de poser cette question. En effet, il aurait pu laisser des traces, des signes… montrant qu’il est plutôt d’obédience chrétienne, protestante, juive ou musulmane. On ne pense pas à un croyant musulman, de part l’écriture qui va de gauche à droite, et parce que les représentations humaines sont proches des représentations romanes (peut être byzantines).

Les représentations zodiacales ne sont pas à mêmes de déterminer si notre auteur est ou non croyant.
L’Eglise à cet époque n’a pas fait sienne les représentations zodiacales. Cela laisse penser que notre auteur est peut être croyant, mais que sa foi dans des phénomènes naturels, combinés entre eux, le laisse libre par rapport à la religion.Là où nos sociétés sont technicistes, cartésiennes, pragmatiques... les périodes plus éloignées laissaient une place à la magie, l'alchimie, non pas sous un angle satanique ou démoniaque, mais fruit d'une recherche empirique naissante laissant voir des possibilités de plus en plus grandes pour créer des nouveaux mélanges pour l'homme lui-même ou ses besoins quotidiens : plantes, médecine, prévisions...

Il n'y a aucune trace dans les feuillets d’une religiosité cachée ou avérée, confirmant le caractère profane du manuscrit.


DES HOMMES ET DES FEMMES


Il ne nous faut laisser échapper aucun détail, et nous interroger sur ce point. Nous trouvons essentiellement, voire exclusivement des représentations féminines dans les différents feuillets.
Il n’y a aucun doute car les représentations humaines sont nues.
Il pourrait y avoir quelques représentations masculines, mais elles sont marginales, et fondues dans les autres dessins ne rendant pas ces particularités suffisamment importantes pour en dégager une quelconque conclusion sur ces petites exceptions. Il s’agit donc de femmes, de jeunes femmes.

Pourquoi alors, dans notre hypothèse d’elixir de longue vie, l’éternelle jeunesse serait féminin ?

Les jeunes hommes ne pourraient avoir une essence de « jeunesse » ?

Bien sur, et même si l’image de la fertilité est en général masculine car phallique, il n’en reste pas moins que les êtres humains dans le manuscrit sont féminins. La fertilité est masculine, mais la fécondité est féminine. L’enfantement est féminin, ce sont les femmes qui engendrent les enfants, donc la jeunesse car la vie est créée.
Nous voyons toutes ces femmes nues, avec un ventre plutôt proéminent.
Est-ce à dire qu’elles sont enceintes ? C’est une possibilité très sérieuse, car les représentations astrologiques, de coordinations des signes zodiacaux entre eux peuvent contribuer à mieux faire réussir « la recette » (médiévale).

A une époque où les critères esthétiques des femmes sont entre autres la minceur, faire le parallèle entre des femmes bien en chair, et leur possible maternité pourrait être une erreur de jugement.

Mais le contexte fait que l’auteur reste cohérent dans son objectif d’écrire un manuscrit, une recette quelconque, et que ce qui l’emporte reste son idée : des jeunes femmes (avec leurs seins bien formés et non « déformés » à un age plus avancé), rondes parce qu’enceintes.
Elles sont peut être toutes (ou presque) bien en chair parce qu’enceintes.

Pourrait-on penser que les femmes du moyen age (ou de la Renaissance) étaient (presque) toutes bien en chair parce qu’elles n’avaient pas forcément les mêmes critères esthétiques que maintenant ?
A une époque où la nourriture, pour le commun des mortels, n’était pas abondante, la grosseur n’était peut être pas la principale caractéristique des (hommes et) des femmes. Le travail de la maison, des champs, éprouvant n’est pas de nature à produire des hommes et des femmes rondelets.

Les cheveux longs seuls pourraient aussi montrer qu’il s’agit de femmes, mais l’auteur a voulu renforcer également la représentation féminine par le dessin systématique des seins. Non pas qu’ils devaient être cachés à l’époque dans les représentations picturales, mais ils sont peut être là pour renforcer la féminité des personnes, mais aussi le caractère maternelle (maternité) des femmes.


Cette discussion sur la féminité des personnages renforce l'idée d’une recette médiévale d’élixir de jouvence.


L’AUTEUR : UN « FOU » LITTERAIRE ?


Cette question revient assez souvent auprès de ceux qui au premier abord n’ont pas tous les tenants et aboutissants du Manuscrit. Ce chapitre est proche de celui que nous aborderons ci-après sur l’intention de l’auteur.

Mais ici, nous voulons savoir si le Manuscrit, de près ou de loin, a un sens, mais si ce sens n’a pas de réalité concrète.

En d’autres termes, si le Manuscrit relate bien une recette alchimique pour fabriquer un élixir de longue vie, l’on comprend qu’il y ait une recette, des composés et un résultat. L’élixir de longue vie n’a pas de réalité, car aucune recette, aucune théorie n’a été réalisée ou démontrée. L’auteur aurait alors réellement eu l’intention de décrire la recette, et cela aurait alors pour lui un sens.
Un « fou » littéraire, un mystificateur, aurait eu l’intention décrire une telle recette, mais en sachant pertinemment qu’il s’engageait dans un faux.

Il lui aurait fallu alors être constant sur plus de 230 feuillets, et être cohérent de bout à l’autre, tant sur l’écriture que sur la cohérence des dessins et de l’écriture, et des dessins entre eux.

De plus, faudrait-il tant de travail pour (se) montrer qu’il s’agissait d’un travail de mystification ? Sur une recette de la pierre philosophale, l’on pourrait admettre, parmi la multitude des textes, recettes et études, qu’il puisse y avoir un faux. Et encore, il faudrait suffisamment de clairvoyance pour un érudit du moyen age pour prendre du recul par rapport aux idées de son époque.

Les fous littéraires (André Blavier) apparaissent bien plus tard dans la littérature, mais ceci n’est cependant pas une raison pour écarter la présence d’un fou littéraire dès le moyen age.
La présence d’un ouvrage de mystification n’aurait d’intérêt que s’il était amené à être diffusé, c’est à dire à servir peu ou prou de provocation aux lecteurs de tels ouvrages, et aussi aux auteurs de ces mêmes disciplines alchimiques. Or, diffuser un ouvrage qui pourrait pour la communauté religieuse catholique être considéré comme hérétique, contre la grandeur et la puissance de Dieu, serait non seulement mis à l’index, mais provoquerait pour son auteur des sanctions très dures, voire le lancement d’une procédure d’inquisition. Celle ci aurait eu la conséquence de faire parler son auteur, et comment prouver à l’inquisition qu’il s’agissait d’un teste mystificateur, sinon de persuader les juges que son auteur persévère dans son mutisme, ou dans la non-délivrance d’un puissant secret.

Dans ce contexte la présence de textes mystificateurs à cette époque, parce qu’elle est précoce, parce que le contexte religieux est très contraignant, semble ne pas correspondre à ce que l'on peut voir dans ce Manuscrit.


D’AUTRES IMAGES IDENTIQUES ?


Dans le livre d’Alexander Roob (« Alchimie et Mystique), très richement illustré, p.36, d’un dénommé Janus Lacinius Pretosia Magarita, XVIe siècle, est figurée une représentation assez proche du manuscrit Voynich, qui en dehors de l’absence d’écriture, aurait pu se fondre sans dénoter, dans les feuillets de Voynich.
On y retrouve aussi des nymphes nues, et des animaux dont le trait reste proche du manuscrit Voynich.
Dans ce même livre, p.194, se trouve une représentation alchimique dans laquelle on trouve des bains, des creusets, un feu pour chauffer, une femme (nymphe) nue dans une bassine en bois, des enfants (qui seraient la représentation humaines de métaux), et... partout sur la page, un texte... cette fois-ci en clair, non chiffré. Il faut avouer que certains signes ou dessins isolés peuvent avoir une ressemblance avec d'autres manuscrits ou représentations graphiques. Cela suffit-il à attribuer le manuscrit Voynich à celui dont on pourrait trouver quelques ressemblances ? Il faudrait une preuve formelle et irréfutable.

Toute la communauté de passionnés autour du manuscrit cherche avec internet des images, livres et images numérisés, en restant chez soi, derrière son clavier. Si la recherche et l'histoire se pratiquaient ainsi, ça se saurait
.
La recherche d'une solution plausible voire réelle impose une documentation fouillée, croisée et international.
Ce n'est qu'en recoupant données entre elles que peut se forger une intime conviction...






"L’hypothèse d’une arnaque devient plus que vraisemblable lorsque l’on fait quelques recherches sur le personnage de John Dee (1527-1608). Tout porte à croire que c’est bien cet astrologue, mathématicien, alchimiste, magicien, familiarisé à la cryptographie, qui, présent à Prague entre 1584 et 1588 à la cour de Rodolphe II, avec son compatriote anglais Edward Kelley (1555-1595), a vendu le manuscrit à l’Empereur. Or, Edward Kelley était un escroc notoire. Il se disait médium et se prétendait capable de parler avec les anges, par l’intermédiaire d’un miroir en obsidienne polie , qu’un ange aurait offert à John Dee.
Très impressionné par les dons de clairvoyance de son ami, John Dee consigna fidèlement ces communications angéliques . Ensemble, entre le 13 avril et le 13 juillet 1584, ils écrivirent 19 Enochian Calls issus des visions de Kelley et donnèrent naissance à une langue des Anges, appelée aussi l’Enochien. Cette langue ‘magique’, qui possède son propre alphabet a été très étudiée notamment par Donald Laycock qui parvint même à établir un dictionnaire de référence : The Complete Enochian Dictionary.

Il se trouve que l’énochien et le voyniche ont des particularités étonnamment similaires, difficilement explicable si ces deux langages n’ont pas la même ‘origine’, puisque au 16ème siècle, l’énochien n’était connu que de Dee et Kelley.

Le voyniche pourrait être comme le pense Gordon Rugg, une version de l’énochien améliorée du point de vue de la syntaxe (si elle existe réellement), de l’ergonomie de l’alphabet et des propriétés syllabiques.
"

Mais un travail considérable serait effectivement nécessaire et ceci avec la collaboration de nombreux spécialistes.

Malheureusement beaucoup se plaisent plutôt à gaspiller leur temps et énergie à se contrer et se discréditer, ou l'enfile dans des hypothèses hasardeuses qu'ils ne sont eux-mêmes plus capables de considérer avec objectivité et remettre en question quand il le faut.




Mais aurons-nous un jour le fin mot de l'histoire et la clef de l'énigme ?

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